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LES

RUINES DE CLAIRLIEU,

PAR M. J. BONNAIRE,

 

VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ.

 

 

A six kilomètres de Nancy, dans la direction de l’ouest, entre Villers et Maron, s’ouvre, près de la forêt de Heys, une gorge profonde, sillonnée par un faible ruisseau dont les eaux alimentaient jadis un étang : là existait encore, à la fin du dernier siècle, une antique abbaye, fondée en 1,159, sous le vocable de I’Annonciation, par le duc de Lorraine Mathieu Ier, qui y avait établi des Bernardins auparavant fixés à Ferrières. Depuis lors, le vallon, originairement appelé Amé-LEU ou AMER-LIEU (Amarus locus), prit le nom de CLAIRLIEU ; " sans doute, dit avec raison l’historien Lionnois, parce que l’essartement des bois qu’y firent les religieux pour les bâtiments , les jardins et les terres arables, rendit moins obscurs et plus riants ces lieux jusque-là inhabités. "

Le monastère et le cloître ont entièrement disparu; et de la vieille basilique abbatiale, réputée "  la plus vaste, la plus magnifique de tout le pays, " il ne reste aujourd’hui que des amas de décombres, I’hémicycle du chœur, adossé au bois et caché sous les broussailles, et des assises de murs de moyen appareil qui, grâce à des fouilles récentes, en indiquent à l’œil attristé les primitives dimensions. Elle s’étendait du sud-est au nord-ouest en forme de croix latine, sur une longueur totale de 27 mètres environ : sa nef principale, haute de 14 mètres sous clé de voûte, avait une élévation double de celle des collatéraux dont la séparaient d’énormes piliers quadrangulaires. Comme l’attestent l’époque de sa construction et les débris épars confusément sur le sol défoncé, ce regrettable édifice, bâti en pierres de taille fort dures, devait offrir un des plus beaux types du style roman dans nos contrées. En effet, les fragments qu’il nous a été permis de recueillir pour notre Musée d’archéologie, tels que bases rectangulaires à moulures simples, tronçons de colonnes, membres de voussures et d’archivoltes, éclats de corniches et de chapiteaux , arcs de roses, tores arrondis ou lenticulaires, révèlent l’austérité de cette mâle architecture d’autrefois , reconnaissable encore dans la physionomie plus ou moins altérée de quelques-uns de nos vieux temples chrétiens.

Le portail, cet élément caractéristique du genre, se rapprochait apparemment de celui du prieuré Notre-Dame de Nancy, transporté dans le parc de Remicourt, et de celui de Laître-sous-Amance, dont le tympan montre en demi-relief un Christ bénissant, entouré d’anges qui l’adorent.