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COUP D'ŒIL SUR

LES ABBAYES DE CITEAUX EN LORRAINE

1897

 

 

Cette liste des monastères de l’ordre de Cîteaux en Lorraine montre bien quelle force de vitalité atteignit la réforme cistercienne dans nos contrées. C’est l’abbaye de Morimond(1), dont l’abbé était le quatrième père de l’ordre, qui fournit le plus de monastères. Il y en a douze de sa filiation, deux de celle de Clairvaux, la troisième fille de l’ordre, et une de celle de La Ferté, la première fille de ce puissant centre religieux. D’après l’Almanach de Lorraine (2) pour 1790, cinq de ces maisons avaient, à cette époque, des abbés réguliers : Morimond, Beaupré, Clairlieu, Ecurey et Saint-Benoît-en-Voivre ; sept étaient en commende : Châtillon, Haute-Seille, La Chalade, I’Isle-en-Barrois, Sturtzelbronn, Vaux-en-Ornois et Villers-Bettnach.

Le dernier abbé de Morimond, dom Chautan, était originaire de Metz ou des environs. Il succéda, en 1775, à dom Thirion ; il géra avec beaucoup de religion et de fermeté les affaires de son monastère et tenta, en 1785, de créer des collèges dans ses abbayes. Mais la Révolution ne lui permit pas d’accomplir ses desseins. Il venait de recevoir un splendide corps de bibliothèque et attendait de Paris trente grands cadres allégoriques pour en orner la salle, lorsque les commissaires du District vinrent lui signifier les décrets de l’Assemblée nationale. Il avait alors encore vingt-cinq religieux sous ses ordres. Il crut parer à la situation en prenant le monastère à bail avec les dix-huit moines qui lui restaient, mais on vint encore enlever la bibliothèque, les archives et les objets précieux de la sacristie. Enfin, le jour des Rameaux 1791, Dom Chautan reçut l’ordre de quitter de suite le monastère, qui allait être vendu. Les religieux se retirèrent en pleurant et gagnèrent l’Allemagne, où l’abbé resta tout le temps de la Révolution. Après la tempête, il vint habiter Borny, au sein de sa famille, entretenant toujours une correspondance suivie avec ses anciens religieux, parmi lesquels était un des fondateurs de l’ordre de Cîteaux réformé, dom Bernard le Bègue de Girmont, nom bien connu en Lorraine. Dom Chautan mourut dans la nuit de Noël 1828, après avoir encore célébré les saints mystères. Il légua à l’abbaye de Port-de-Salut ses livres mystiques et liturgiques, sa chapelle, plusieurs objets provenant de Morimond, et quelques ossements de saint Bernard qui lui venaient de Clairvaux. C’est donc dans le cimetière de Borny que repose le dernier abbé de Morimond, dom Chautan, qui comptait dans la filiation de son abbaye plus de sept cents monastères des deux sexes et qui s’intitulait grand d’Espagne, père immédiat et supérieur général des cinq ordres militaires d’Espagne, de Calatrava, d’Acantara, de Monte, d’huis et du Christ, et, selon Calmet, de l’ordre de SS. Lazare et Maurice, en Savoie !

Voici la liste des monastères de l’ordre de Cîteaux en Lorraine, issus de Morimond ou de ses filles ; j’y ai ajouté Châtillon et La Chalade, issus de Clairvaux, et Sturtzelbronn, issu de La Ferté. Les deux monastères de femmes L’Étanche et Sainte-Hoïlde Figurent aussi sur cette liste.

Sous le rapport des diocèses, Châtillon était dans celui de Trèves ; Freisdorf, Pontifroy, Sturlzelbronn, Villers et Worschwiller dans celui de Metz ; Beaupré, Clairlieu, Ecurey , Haute-Seille , L’Étanche, L’Isle-en-Barrois, Sainte-Hoïlde et Vaux dans celui de Toul ; La Chalade et Saint-Benoît dans celui de Verdun.

 

(Voir le tableau ci-après.)

 

Le duché de Lorraine possédait sept abbayes, le Barrois cinq, savoir : Beaupré, Clairlieu, Freisdorf, Haute-Seille, L’Etanche, Sturtzelbronn, Villers et Ecurey, L’lsle-Saint-Benoit, Sainte-Hoïlde et Vaux ; et enfin le Clermontois comptait les maisons de Châtillon et de La Chalade.

Sauf l’abbaye de Beaupré qui, en 1146, avait fondé, avec l’appui de l’évêque de Strasbourg, le monastère de Baumgarten, près d’Andlau (Alsace), et Villers-Bettnach, qui eut cinq filles, savoir : Victoria en 1144, dans le diocèse de Gurck, en Carinthie ; d’Eussertha1 en 1149, diocèse de Spire, de Worchswiller et Pontiffroy, déjà cités, et enfin Pons Beatae Mariaeen 1230, encore dans le diocèse de Gurck ; aucune abbaye lorraine n’eut de filiale.

 

A. BENOIT.

(1) Les ruines du monastère sont à 1 kil. de Damblain (Vosges).

(2) D’après cet Almanach, l’église de l’abbaye de Morimond était située dans le Bassigny français, le réfectoire sur les terres du Barrois non mouvant, ainsi qu’une partie des dépendances. Durival dit (III, 288) que la maison est tellement frontière, que l’église est en Champagne et une partie du réfectoire en Barrois.