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VI

 

Bientôt éclatèrent les premiers troubles avant-coureurs des violences qui allaient être commises ; on sait que les maisons religieuses furent les premières victimes de la rage des révolutionnaires. Le ler août 1789, en effet, les habitants des villages voisins vinrent en grand nombre assaillir Haute-Seille , dont ils enfoncèrent les portes, pillèrent les archives (1) et dévastèrent les caves et les appartements. Un détachement de carabiniers, envoyé de Lunéville, dès qu'on y apprit de la bouche du prieur lui-même ce qui venait de se passer, arriva le lendemain dans la soirée et suffit à rétablir l'ordre ; les auteurs de ces actes de sauvagerie furent châtiés, mais les dégâts causés dans les archives étaient irréparables.

Une enquête fut faite quelques jours après par M. Laplante, conseiller du roi délégué à cet effet, à la requête des religieux qui voulaient " faire constater par un acte juridique cette invasion et l'enlèvement des papiers qui en avoit été la suite " ; le commissaire put se rendre compte par lui-même que la porte de la pièce voûtée où se trouvaient les archives était entièrement hachée et brisée, que plusieurs armoires contenant les titres de propriété avaient été vidées ou bouleversées, et qu'enfin des vols et des dégâts avaient été commis dans toutes les parties du monastère. Les religieux présents à ces scènes de désordre, interrogés, déclarèrent " qu'ils étoient prévenus que des bruits faux et séditieux, répandus parmi le peuple, avoient persuadé aux habitans des campagnes qu'ils étoient authorisés par le Roi à se faire remettre de gré ou de force, les titres et papiers qui pouvaient les concerner et, par ce moyen, s'affranchir de toutes prestations et redevances... , qu'avertis que plusieurs communautés s'étoient réunies et qu'elles étoient déjà à Tanconville vers midi, ils firent fermer la première porte par laquelle on entre dans la seconde cour de l'abbaye et les portes de la maison abbatiale qui donnent sur ladite cour et allèrent sonner le tocsin.... que, vers midi et demi, les habitans des communautés de Hesse, Biberkerich, Trois-Fontaines, Hartzwiller, Herrnelange, Niderhoff et de Tanconville se présentèrent à la porte de la seconde cour dont ils demandèrent l'entrée avec de grands cris et des menaces, que les habitans de Hesse étoient à la tête des autres..., qu'ayant forcé la porte d'entrée à coups de hache, ils s'introduisirent dans la cour ou ils furent bientôt rejoints par plusieurs habitans de Cirey, Bertrambois et de Lafrimbole , formant tous ensemble le nombre de, trois ou quatre cent personnes, les uns armés de haches, les autres de fusils et de bâtons, et demandèrent qu'on les introduisit dans les archives de la maison... ; qu'il y eut alors une espèce de conférence entre le s. prieur et les séditieux..., qu'elle fut interrompue par l’arrivée du sr, de Prémont, seigneur de Cirey, qui vint accompagné de sept autres personnes qui étoient venues pour porter secours aux religieux, que le sr de Prémont et ceux qui l'accompagnoient étoient tous armés de fusils ou de pistolets à la réserve d'un qui n'avoit qu'une fourche, que voyant qu'ils étoient offusqués à la vue de ces armes, il les leur remit volontairement et chercha à renouer la conférence ...... que les séditieux n'avoient pas voulu entendre raison ....., qu'ils avoient enfoncé la porte des archives, etc. (2) ".

 

 

(1) Malgré la spoliation dont il a été victime, le fonde de Haute-Seille, déposé aux archives du département de la Meurthe, est très considérable et comprend encore 120 liasses.

(2) H. 563.