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Les procès engagés en cour de Rome entre les religieux et M. Alliot , tant à cause de la nomination de celui-ci que de la séparation des menses abbatiale et conventuelle, durèrent jusqu'au 14 janvier 1754, où ils prirent fin par une transaction en vertu de, laquelle les religieux prirent à bail de l'abbé, pour toute la durée de sa vie, la mense abbatiale, c'est-à-dire le tiers des biens qui composaient le domaine de l'abbaye, plus le tiers des sommes destinées chaque année à l'acquit des charges et des réparations, moyennant une rente de 15,500 livres de France,. et restèrent chargés de toutes dettes, réparations, procès et impositions prévues et imprévues (1) ; ce qui fut confirmé par l'abbé de Cîteaux, général de l'ordre, dans la Lettre suivante adressée au prieur :

" A nôtre vénérable confrère en N. S., Dom de Marien, prieur de nôtre abbaye d'Hauteseille, à Blâmont , Lorraine.

" Cisteaux, 25 mars 1754.

" Dom prieur,. Je ne puis me refuser à la demande que vous me faites de ratifier la transaction que vous avés passée avec M. vôtre abbé; les voyes de pacification sont toujours les meilleures à prendre, et je vous loüe d'en avoir pris le party, puisque de l'avantage particulier de nôtre abbaye d'Hauteseille il doit en résulter un commun pour toutes nos maisons de Lorraine ; il est bon de sçavoir se prester dans les occasions, souvent un trop grand zèle devient nuisible. J'espère que le traité que vous venés de passer vous procurera la paix et la tranquillité ; je le souhaitte de tout mon cœur, étant avec bien de l'estime, Dom prieur, vôtre bien humble et affectionné confrère.

" F. François, abbé général de Cisteaux (2) ".

 

A partir de cette époque, les abbés ne résidèrent plus à Haute-Seille, dont l'administration resta toute entière entre les mains du prieur. Dom de Marien, qui était alors revêtu de cette dignité, était un homme d'une haute valeur ; sous son intelligente direction, les travaux de réfection et d'embellissement, que les procès avaient forcé de laisser si longtemps interrompus (3), furent repris et poussés avec la plus grande activité, malgré des ressources fort restreintes. Le procès-verbal d'une visite faite en 1159 par ordre de l'abbé de Cîteaux, constate le bon ordre qui régnait alors dans le monastère : " le bâtiment abbatial est beau et fort spatieux ainsy que les jardins et les basses cours, en sorte que tout ce qui regarde le temporel de l'abbaye, à la charge entière des religieux, mérite de vrays applaudissements et fait honneur à Dom prieur... ; le spirituel n'est pas moins bien conduit, la paix règne dans la maison, l'office s'y fait régulièrement et décemment... " ; cependant, des revenus évalués à 40,000 livres, il ne restait que 8,977, déduction faite des charges, et de cette somme il fallait encore retrancher chaque année 1,977 livres environ " pour non valeurs et événements fâcheux (4) "

Jusqu'en 1789, l'abbaye semble avoir joui d'une paix profonde, troublée seulement par quelques procès sans importance; ce fut certainement l'époque la plus heureuse de son existence, car on a vu quel avait été jusque-là le sort de ces religieux qu'on a tant accusés de passer leur vie dans l'abondance et l'oisiveté.

 

 

(1) H. 558.

(2) H. 556.

(3) Un devis, établi en 1750 par l'architecte Gentillâtre, comportait encore, tant pour les bâtiments de l'abbaye que pour les maisons, fermes et moulins qu'elle possédait, 35,000 livres pour les dépenses urgentes et 15,000 pour celles de convenance.

(4) H. 556,