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III

 

" Au commencement du XVIe siècle, des difficultés dont on ne connait pas l'origine (1) s'étant élevées entre les religieux de Haute-Seille et les habitants de Frémonville, ceux-ci se laissèrent aller à des " battures, outrages, forces et violences, contre les gens de l'abbaye et contre la personne de l'abbé ; ils enlevèrent des troupeaux et commirent des dommages pour une valeur de plus de 100 florins d'or. Les moines se plaignirent au duc Antoine, qui chargea les officiers de Blâmont d'informer. Mais ce prince étant sur les entrefaites parti pour la France, les habitants de Fremonville recommencèrent à vexer les religieux, venant les insulter jusqu'aux portes mêmes du monastère. Les officiers de Blâmont reçurent de nouveau l'ordre de se transporter sur les lieux, mais on ignore et le résultat de l'enquête à laquelle ils durent se livrer et la sentence qu'ils prononcèrent (2).

Ces faits peuvent s'expliquer, croyons-nous, par l'état de surexcitation où se trouvaient les esprits, même dans les pays où la Réforme ne put se maintenir à une époque où les doctrines de Luther commençaient à se répandre. De nouvelles calamités, qui sans doute étaient dues à la même influence, ne tardèrent pas à fondre sur Haute-Seille ; on les trouve consignées dans deux mémoires (3) que nous ne pouvons mieux faire que de citer :

" Jean de Xanrey fut élu abbé le 19 février 1556 ; à cette époque et dès auparavant, il y avoit guerre entre l'empereur Charles-Quiiit et la France, ce qui occasionna la dévastation de l'abbaye de Hauteseille située dans la terre de Salm qui étoit fief de l'Empire. Ce fut sans doutte dans les circonstances de ces temps malheureux que le comte Anthoine de Salrn , dont la maison étoit puissante et attachée à l'Empire, pût s'emparer des biens de cette abbaye et en commetre la régie à M. Perinî, curé de Landange ; mais, la paix s'étant faite en 1559, le calme succéda à l'orage, et il est certain qu'en supposant l'intrusion du comte Anthoine de Salm, elle ne fut que momentanée et qu'il y renonça, soit volontairement, soit forcément, puisque Dom Jean de Xanrey, élu en 1556 abbé de l'abbaye de Hauteseille, continua de la gouverner en cette qualité ; le fait est prouvé par des actes authentiques.....

"  Le calme ramené par la paix de 1559 ne fut pas de durée ; de longues guerres d'état et de religion survinrent ensuitte et remirent en proye l'abbaye d'Hauteseille. Tout devint inculte, désert et abandonné, en sorte que les abbés et religieux de cette abbaye, soit pour subsister, soit pour payer des contributions afin d'éviter des incendies, furent obligés, comme tous ceux qui vivoient dans ces temps de calamité, de contracter plusieurs dettes ..... " (4)

" Si le comte a touché quelque revenu de l'abbaye, ce ne peut être que par violence et usurpation.... ; le comte se seroit violemment emparé en 1557 de quelques parts des biens de l'abbaye, ce qui ne seroit pas sans exemple. L'on voit, en effet, dans toutes les histoires, qu’en ces temps malheureux, la pluspart des seigneurs s'emparoient des biens des monastères, où souvent ils s'établissaient avec leurs femmes et enfans auxquels ils les transmettaient comme des biens patrimoniaux. Qui peut prouver que les Rhingraffs de Salm furent incapables d'excès envers l'abbaye de Hauteseille ? On le peut d'autant moins, qu'alors ils étoient infectés de l'hérésie de Luther... et que d'ailleurs, il est notoire que les seigneurs de cette maison vexèrent tellement l'abbaye de Senones, située comme Hauteseille dans la terre de Salm, que les religieux de ce monastère furent contraints de se réfugier à Rambervillers.... " (5)

 

(1) Il y eut procès en 1524 entre les habitants da Fremonville et l'abbaye au sujet des limites de leurs bois et du droit de pâture dans les bois de Haute-Seille (H. 542.)

(2) Comm. de la Meurthe, Frémonville.

(3) Ils furent rédigés vers l748, par les religieux, dans leur procès contre M. Alliot, nommé abbé commendataire, et avaient pour but de prouver, entre autres choses, que Haute-Seille n'avait jamais été gouvernée que par des abbés réguliers, et que le comte A. de Salm n'avait été ni élu, ni même nommé abbé commendataire, mais s'était emparé des biens du monastères.

(4) H. 657.

(I) H. 571.