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A la même époque, les religieux perdirent encore un long procès contre les mêmes officiers, au sujet de la seigneurie du village de Tanconville, qui commençait

à s'élever dans un lieü désert et inculte de temps immémorial, qu'ils soutenaient appartenir à leur communauté avec tous les droits seigneuriaux, en vertu d'anciennes donations ; on ne leur reconnut que la propriété de certaines terres, bois et étangs, avec la seigneurie foncière, et le reste fut attribué aux comté et principauté de Salm (1).

Dom Henry Lecler, successeur de Dom Moreau, étant mort le 18 février 1747, Stanislas, en vertu de l'induit général qu'il avait obtenu du pape en 1740 pour les bénéfices situés en Lorraine, somma abbé commendataire de Haute-Seille, par brevet du 6 mars suivant, M. Nicolas-Joseph Alliot, simple clerc tonsuré, dont le seul titre à cette faveur était d'avoir pour père un des intendants du prince.

Le prieur et les religieux s'émurent à la nouvelle de cet acte imprévu et sans exemple dans les annales du monastère et, s'étant assemblés capitulairement, ils adressèrent au roi de Pologne un placet dans lequel ils demandaient qu'il leur fût permis d'élire un abbé régulier, " c’est un fait de notoriété publique, disaient-ils, que le droit d'élection étoit acquis et assuré à l'abbaye de Hauteseille, tant par sa position dans la terre de Salm que par le Concordat Germanique auquel elle a toujours été soumise et par l'article trois du traité de Vienne de 1736; des titres aussi authentiques paraissoient devoir la mettre à couvert de la commande. " Ils démontraient ensuite que la possession de l'abbaye par le comte Antoine de Salm qui l'avait eue en commende

en 1557 ne pouvait servir de précédent, puisque le comte s'était emparé de ses biens, sans avoir jamais reçu aucune nomination. Mais le chancelier La Galaizière leur répondit par une défense expresse de procéder à cette élection et l'ordre d'avoir à mettre le nouvel abbé en possession de son bénéfice (2).

Sur ces entrefaites, le prince de Salm, jugeant ses intérêts lésés, parce que sa principauté était une terre de l'Empire, prit fait et cause pour les récalcitrants et écrivit au Pape pour le supplier de rejeter la nomination de M. Alliot et de confirmer les religieux dans la liberté de choisir leur abbé. C,'est alors que ceux-ci, forts de leur droit, élurent régulièrement Dom F. d'Estrepy qui, malgré les menaces et les persécutions dont il fut l'objet, déploya la plus grande activité pour faire confirmer son élection, que l'abbé de Morimont avait déjà ratifiée. Il s'adressa d'abord au Pape qui, loin de lui être favorable, ratifia ce qui avait été fait et donna, en 1749, à Stanislas et aux rois de France, ses successeurs en Lorraine, un bref de nomination de l'abbé de Haute-Seille; il eut aussi recours à l'Empereur, dont il ne put rien obtenir, et enfin, décrété de prise de corps, il dut se retirer au-delà du Rhin pour mettre sa personne en sûreté (3).

 

 

(1) Ibid

(2) H. 657

(3) H. 556.