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II

 

L'abbaye de Haute-Seille dut sans doute sa fondation à saint Bernard. Il est de tradition qu'il a visité ce pays, où il est encore l'objet d'une grande vénération, notamment à Haute-Seille et à Cirey (1) ; il est donc probable que la voix éloquente de ce grand fondateur de monastères, là comme dans tant d'autres lieux, sut réveiller la foi et obtenir des seigneurs l'établissement d'une maison de son ordre.

Le territoire de Haute-Seille appartenait alors à la puissante maison de Salm, par suite de l'alliance de Hermann, comte de Salm, avec la comtesse Agnès de Langstein (Pierre-Percée), héritière de ce domaine. C'était une " vaste solitude ", en partie couverte de broussailles et de pouces et environnée de forêts ; quelques parcelles de terre y étaient cultivées par des serfs. Tel était son aspect quand, en 1140, la comtesse de Langstein, veuve alors du comte de Salm , les comtes Henry et Hermann ses fils, Conrad, comte de Langstein, son épouse Hawide et Hugues leur fils, en firent don à l'ordre de Cîteaux , pour y établir un monastère sous l'invocation de sainte Marie de Haute-Seille (Sanctae Mariae de Alta Sylva), ce que prouve une charte d'Étienne, évêque de Metz, confirmait les donations faites à l'abbaye pour sa fondation (2).

Des moines envoyés du monastère de Teuley vinrent aussitôt prendre possession de ces biens et, grâce à leur activité et surtout à l'appui de la comtesse Agnès, la construction des bâtiments et le défrichement du sol se firent si rapidement, qu'au bout de quelques années l'abbaye se trouvait déjà dans une situation des plus prospères ; mais la pieuse femme qui la protégeait étant morte, ses héritiers ainsi que d'autres seigneurs qui avaient contribué à son établissement, voulurent y exercer leurs droits de souveraineté et de garde d'une manière tellement vexatoire, que les religieux se disposaient à se retirer ailleurs, quand le même Etienne, évêque de Metz, informé de ce qui se passait, s'interposa en leur faveur et décida , en 1147, ces seigneurs, qui étaient les comtes de Salm et de Langstein, Bencelin de Turquestein, Asselin de Walteringen et Béron de Busnes, tous ses parents ou alliés, à lui céder les droits qu'ils prétendaient avoir sur Haute-Seille, et l'évêque les ayant aussitôt transportés à l'abbaye, celle-ci fut alors tranquille, n'ayant plus rien à démêler avec personne (3). La même année, le pape Eugène III la confirma dans la possession de tous ses biens (4).

 

 

(1) Il existait, il y a peu de temps, à Cirey, une pratique superstitieuse, qui y avait été introduite de l'abbaye de Haute-Seille, et qui consistait à porter en marchant à rebours aux pieds de la statue de saint Bernard, un balai neuf, dont on frottait la tête du saint et des pommes de terre dont on lui faisait présent. (Comm. Meurthe.)

(2) Cette charte est imprimée dans les Preuves de l'Histoire de Lorraine de Dom Calmet.-V. aussi, sur la date de la fondation de Haute-Seille, notre Appendice aux nos 1 et 9.

(3) H. 542.

(4) Ibid.