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De Lunéville à l'abbaye de Beaupré, réforme d'Orval, filiation de Morimond, quoiqu'on m'y ait dit que notre père saint Bernard, qui y envoya deux de ses religieux, en ait fait bâtir l'église, vicariat de l'abbé de Vauclair. L'abbé régulier, dom Jérôme Marchand, natif d'Agen, que l'on y croyait qui aurait pour coadjuteur dom Vindel de Morimond, parce qu'il est valétudinaire, tout boutonné de visage, rouge comme du feu, ne peut suivre sa communauté, toujours dans les remèdes. Son prédécesseur religieux,. profès d'Orval, est enterré dans l'église, vis-à-vis la première chapelle de la croisée au nord, dans le milieu; sa tombe, à rase terre, porte : D. 0. M. la crosse, en dedans, traverse l'O : Vocanti responsurus hic jacet R. P. dominus Anselmus Bavay qui expriore Aureaee Vallis, abbas in Bellopratro zelantissimus, primaevam littere ordinis observationem in integrum restituit : in verbo potens et in opere fervens, viam vitae fratribus ostendehat ; ipsis amor fuit et deliciae, sed etiam pauperam pater pene vocatus. Obiit in Domino, VIIIe martis, anno incarnationis Domini 1737, aetatis 75, professionis monasticae 52, regiminis 27, in menioria clamaverit justiis. L’église est belle, longue, voûtée en briques partout, les piliers de pierre ; partie de la croisée au midi sert de sacristie; le sanctuaire est beau, des plus propre, orné d'une belle menuiserie, simple, tant pour le maître-autel travaillé en marqueterie, qu'en chandeliers, n'y ayant que la crosse qui suspend le Saint-Sacrement, blanchis et dorés. Le tour du sanctuaire est en peinture des saints de l'ordre. Saint Etienne de Cîteaux y est représenté tenant un livre ouvert sur lequel est écrit - Carta caritatis. Au bon saint Etienne l'abbé de Cîteaux primus proporalor ordinis. Un aigle de bois pour l'Evangile, trois sièges couverts de velours ciselé, rouge; celui du milieu a des bras, point de dossier. La lampe y éclaire nuit et jour devant le Saint-Sacrement. Deux cloches, quinze sièges de chaque côté, simples et très propres ; celui de l'abbé est semblable ; l'église est ancrée de fer d'un bout à l'autre. Dix-huit chaises de novices. Deux pupitres pour la messe, deux autres pour les vêpres. lis portent un long scapulaire blanc devant et derrière ; les postulants, un manteau bleu on brun. Je les ai vus. Trois novices, deux postulants, dix-huit religieux, cinq ou six convers. Les religieux, vêtus de bonnes étoffes, leurs manches fendues, bas et chaussons de laine, courroies aux souliers. Le portail de l'église est simple, tout en pierre de Grais. Ils psalmodiaient en chantant avec de bonnes pauses et une articulation nette. Point .d'orgues. Le chœur des infirmes derrière : le grand chœur des religieux sains : au derrière, dans la nef, deux autels sur lesquels il y a des chandeliers de cuivre. Plus bas est le chœur des convers, de 12 chaires de chaque côté, au devant desquelles sont les formes en façon de pupitres longs. Après l'office de Tierce, ils vont au travail d'une heure et demie : à 11 heures, ils vont chanter Sexte, reprenant le travail des mains jusqu'à une heure et demie, chantant nones, vont à deux heures dîner au réfectoire : le prieur sonne la cloche pendant à peu près un miserere : il sonne aussi la sortie. Les religieux à leur tour par semaine y servent ceints d'un tablier garni de manches. Le réfectoire bien boisé, pavé, plafonné, grand jour du midi, sans nappes, mais très propre. Les novices prennent leur repas au noviciat ; les convers aussi à part, mais tous ensemble. Pour les domestiques, une cuisine près de l'écurie. Le linge de la sacristie et des autels est des plus blancs. Le Saint- Sacrement repose en la chapelle de la paroisse. On dit que l'abbaye a de revenu 40,000 livres au diocèse de Toul. Il y a un oblat : draperie, cordonnerie, serurier, maréchal, charronnage. M. l'abbé y a un carosse roulant, 4 chevaux, cocher et laquais. Grande première cour où sont les écuries, bel abreuvoir : point d'étangs, peschant dans la Meuse (Meurthe); jardin vaste traversé par un long canal, tout en légumes. Ils y ont un arbre qu'ils nomment de la Passion : des cygognes qui les purgent d'insectes : on n'y voint point de chenilles. Un beau colombier, guérites aux angles du vaste enclos. Par derrière et en dehors des vignes bien exposées. Ils enterrent leurs religieux dans l'église, les exposant à visage découvert. La bibliothèque n'est pas un vaisseau qui y soit destiné : c’est une chambre où il y a quelques livres en petit nombre. Je vais marquer ceux que j'estime le plus et que nous devrions avoir. Bihliotheca patrum ascetarum, 5 vol. in-4°. - Studia Domini Claudii Chantelou Leonard. Paris 1661. - Homélies sur plusieurs chapitres de Jérémie par Dom Lenain, in-8° 1697 ; - Sermons choisis traduits de S. Bernard, in-8°, 14 vol. - Tractatus de promulgatione legum ecclesiasticarum, specialiter bullarum de Bernard Van Espen, professeur à Louvain, 1712 ; - Bibliothèque de la France, par Dom Le Long, 1719 ; - Colleclio nova patrum et scriptorum grecorum de D. Montfaucon, 2 vol. f° - Bibliotheca sacra in binos syllabos de Dom Le Long, 2 vol. in f°, 1723. - Biblia magna commentariorum litterarum Joannis Gagnaci, doctoris parisiensis, Guillelmi Estii, Emmanuelis Sa, Joannis Menochii et Jacobi Tirini, Societatis Jesus, ch., 9 vol. in-f°. - Sur le seul ancien testament, 1643. - Commentarium in totam scripturam Joannis Stephani Menochii, 2 tomes, 1683. - Le grand dictionnaire de la Bible, par Simon, 2 vol. in-f° 1703. - Le premier concile de Nicée, avec notes, 1 vol. in-6°, assez épais, 1691. - Les apophtegmes ou les belles paroles des saints, 1 vol. in-8° 1721. - Instructions et pratiques pour, passer tous les temps de l'année saintement, etc., 1717. - Instructions sur tous les mysrères de N,.-S. et de la Sainte-Vierge, 5 vol.. in-8°, 1706.
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